Quid des gaz à effet de serre en viticulture ?

Article écrit par Benoît Ab-der-Halden, Président de Cabinet viticole Saint Vincent

A l’heure où de nombreux vignobles français planchent sur l’impact écologique de leur vin, voici les notions en jeu derrière la terminologie Bilan Carbone® et quelques résultats issus des études déjà menées par l’IFV.

Impacts des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique ?

Sous l’effet des Gaz à Effet de Serre ou GES l’atmosphère se comporte comme la vitre d’une serre, laissant entrer le rayonnement solaire, mais retenant le rayonnement infrarouge. Toutes les activités humaines, dont l’activité de la filière viticole, participent à l’augmentation des concentrations en GES dans l’atmosphère. Cette augmentation est donc à l’origine de l’augmentation des températures. Il existe un lien établi entre l’évolution de la température et la concentration en CO2 dans l’atmosphère.

Quels sont en viticulture les postes à impact nul à négligeable ?

Une étude réalisée par le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) a montré que le CO2 prélevé par la vigne pour la photosynthèse était équilibré par le CO2 restitué par la respiration, la fermentation des moûts, le brûlage ou la dégradation au sol après broyage des bois de taille ainsi que le brûlage des charpentes après arrachage. Les autres postes à impact nul ou presque, au regard des quantités utilisées, sont les suivants :

  • les déchets directs
  • les eaux usées

Quels sont les postes qui possèdent l’impact environnemental le plus lourd ?

Les postes dont l’impact environnemental est le plus lourd sont les suivants :

  • Le fioul pour des tracteurs viticoles (de 15 à 25% de la contribution totale suivant les domaines)
  • Les bouteilles de vin pour le conditionnement (de 20 à 30% de la contribution totale)
  • Les cartons imprimés (jusqu’à 15%)
  • Le fret routier vers les clients (jusqu’à 25% de contribution sur certains domaines)
  • L’électricité (de 1 à 15%). La forte variation étant expliquée par l’isolation ou non des bâtiments.

Comment agir pour améliorer les émissions de GES d’une exploitation viticole ?

Plusieurs voies de réduction peuvent être avancées :

  • La récupération et la valorisation calorifique dans une chaudière à plaquette classique des bois de taille et des charpentes si elles se substituent à la consommation de fioul ou de gaz
  • Le stockage ou valorisation sous forme de bicarbonate par exemple, du CO2 libéré par les fermentations, qui représente tout de même 0.1% des émissions nationales
  • Le raisonnement des itinéraires techniques viticoles de manière à alléger les programmes de traitements : moins de produits dont la production est loin d’être neutre en matière de production de gaz à effet de serre, moins de passages et donc moins de fioul
  • L’utilisation de biocarburants comme alternative à la consommation de combustibles fossiles
  • L’allègement des bouteilles de verre, voire la substitution du verre par d’autres matériaux
  • L’utilisation du train à la place de la voiture ou de l’avion pour les déplacements domicile-travail et les déplacements professionnels
  • Substituer le transport routier des marchandises par le ferroutage
  • Préférer l’azote au dioxyde de carbone pour l’inertage
  • Limiter les émissions liées aux longs transports de marchandise à l’étranger par exemple remplacer, même partiellement, le conditionnement en carton par des caisses en bois
  • Favoriser le bouchage liège, matériau naturel qui contribue à l’entretien d’une forêt
En conclusion, la viticulture est une activité ayant un impact significatif sur l’environnement (comme toute activité humaine), notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les postes ayant l’impact environnemental le plus lourd sont le fioul pour les tracteurs viticoles, les bouteilles de vin pour le conditionnement, les cartons imprimés, le fret routier vers les clients, et l’électricité. Cependant, il existe plusieurs voies pour réduire les émissions de GES dans une exploitation viticole, telles que l’utilisation de biocarburants, l’allègement des bouteilles de verre ou la substitution par d’autres matériaux, et la récupération et valorisation calorifique des bois de taille et des charpentes. Les viticulteurs peuvent ainsi agir pour réduire leur impact sur l’environnement, tout en produisant du vin de qualité.

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